Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le BET au laboratoire

Bien que le bromure d’éthidium (BET) soit un outil efficace, ses propriétés dangereuses exigent des procédures adaptées lors de sa manipulation et son élimination. L'observance stricte de mesures de gestion des risques chimique permet d'utiliser le BET en sécurité.

Dépôt d'échantillons d'ADN de plantes sur un gel d'agarose permettant leur analyse

Qu’est-ce-que le BET ?

Le bromure d’éthidium (BET) est une substance chimique couramment utilisée dans les laboratoires de biologie moléculaire et cellulaire comme marqueur non radioactif des acides nucléiques. Il permet d’identifier et de visualiser des brins d’ADN ou d’ARN dans les électrophorèses et dans d’autres méthodes de séparation.
Pour en savoir plus sur les caractéristiques, toxicité et classification du bromure d’éthidium : le BET, utile mais toxique ?

Recommandations

Le caractère potentiellement mutagène[1] du BET impose  des mesures de prévention des risques exposées ci-après.  L’exposition doit être évitée. Les conduites à tenir en cas d’incident ou d’accident doivent être prévues.

Anticipation
  • Former toute personne manipulant du bromure d’éthidium aux risques et aux moyens de prévention et de protection existants.
  • Privilégier l’achat et l’emploi de bromure d’éthidium sous forme de solutions aqueuses afin de limiter l’exposition aux poussières pouvant se disperser dans l’environnement de travail.
  • Établir et communiquer les modalités d’utilisation du bromure d’éthidium en sécurité.
    Les substituants du BET

    Des substances alternatives au bromure d’éthidium sont disponibles sur le marché[2]. Certaines présentent l’avantage de détecter l’ADN ou l’ARN à des concentrations plus faibles ou de se révéler sans l’utilisation d’UV. Certains de ces colorants sont présentés comme « moins toxique, non cancérogène, non ou moins mutagène » par rapport au BET.

    Aujourd’hui, aucune certitude n’existe sur l’absence de risque lié à la manipulation de ces substituants. En effet, ce sont tous des agents pouvant se lier aux molécules d’ADN et ils peuvent donc potentiellement perturber son utilisation normale par les systèmes cellulaires. En absence de preuves de leur innocuité pour la santé humaine, les mesures de prévention et de précaution doivent donc être identiques à celles mises en place pour le BET.

Stockage
  • Stocker le bromure d’éthidium à l’abri de la lumière, de la chaleur et de l’humidité. Il doit être stocké loin des substances oxydantes. Baliser la zone en indiquant la présence d’un agent mutagène. Seules les personnes autorisées doivent avoir accès au stockage.
Manipulation
  • La manipulation du BET solide (pesée, mise en solution…) doit s’effectuer en système clos ou sous ventilation (sorbonne, poste de pesée sécurisé de préférence canalisé vers l’extérieur) avec un masque à poussières si besoin. La pratique de la double pesée permet de résoudre la difficulté de la pesée précise de faibles quantités sous sorbonne en fonctionnement. De la sorte, seul le prélèvement de la poudre s’effectue sous sorbonne.
  • Les dilutions aqueuses doivent être réalisées sur une protection jetable des surfaces (benchcoat) de façon à résoudre facilement un déversement accidentel et absorber les éventuelles projections.
  • Utiliser des équipements de protection individuelle adaptés : blouse, gants de caoutchouc nitrile, lunettes de sécurité.
  • Respecter les règles d’hygiène dans les locaux.
  • Respecter les règles de sécurité vis-à-vis de l’utilisation des lumières ultraviolettes. Privilégier la lecture des gels d’ADN en système clos par caméra.
Élimination
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux et les déchets liquides (eaux de lavages, résidus de solutions, etc.). Utiliser les techniques d’élimination et de décontamination décrites sur cette page.
  • Les effluents non décontaminés doivent être éliminés en déchets liquides dangereux CMR.
  • Éliminer tous les matériels jetables contaminés ou potentiellement contaminés (gants, pipettes, lingettes, protections de surface de type benchcoat…) dans la filière des déchets solides dangereux CMR.
  • Décontaminer les surfaces (paillasse, tables de pesées…) potentiellement contaminées selon les procédures décrites sur cette page, ou faire appel à une entreprise spécialisée dans la décontamination.
  • Décontaminer tout matériel qui aurait été en contact avec le BET et ses solutions aqueuses et devant subir un entretien ou une réparation (ex : transluminateurs, bacs d’électrophorèse, pipettes automatiques…).

Conduites à tenir en cas d’accident

En cas de déversement liquide ou solide :
  • L’opérateur doit être muni de tous les équipements de protection individuelle nécessaire, et en particulier, pour les déversement solides, d’un masque filtrant pour les poussières, au minimum de la classe FFP2.
  • Le déversement doit être collecté à l’aide d’un absorbant humidifié dans le cas d’un déversement solide, par absorption sur papier dans le cas d’un déversement liquide.
  • La surface doit être rincée à l’eau avant décontamination suivant l’une des techniques exposées sur cette page.
  • Tous les matériels utilisés pour traiter ou prévenir une contamination, absorbants jetables, eaux de rinçage, EPI… doivent être éliminés dans la filière de déchets du BET : déchets dangereux ou CMR selon les dispositions du site.
En cas de projection dans l’œil :
  • laver aussitôt abondement à l’eau courante (rince-œil ou lave-yeux) en écartant bien les paupières et en prenant soin de ne pas contaminer l’autre œil ;
  • ne pas essayer d’enlever les lentilles de contact ;
  • consulter un ophtalmologiste.
En cas de projection sur la peau :
  • laver aussitôt à l’eau courante pendant 10 minutes sans frotter. Un savon doux peut être utilisé pour faciliter l’élimination d’éventuelles substances adhérentes. Aucun décapage (mécanique ou par solvant) ne doit être effectué ni aucun contrôle par les UV sur la peau.
En cas de de blessures ou piqures avec du matériel souillé au BET :
  • laver aussitôt à l’eau courante pendant 15 minutes sans frotter ;
  • désinfecter avec de l’alcool éthylique 70 % (ne pas utiliser d’antiseptique à base d’hypochlorite de sodium de type Dakin®) ;
  • ne pas tenter de contrôler l’efficacité de la décontamination de la peau en s’exposant aux UV.
Dans tous les cas :
  • consulter en cabinet médical, aux urgences ou le service médical du lieu de travail ;
  • avertir l’assistant de prévention, le correspondant sécurité ou toute personne compétente ;
  • consigner l’accident/l’incident dans le registre d’hygiène et sécurité.

 


En savoir plus : Le BET : utile mais toxique ? | Le BET : comment te dire adieu

 

[1] La classification du BET en tant qu’agent mutagène pour les cellules germinales de catégorie 2, selon la réglementation CLP, n’impose pas les obligations réglementaires particulières aux agents chimique dangereux CMR de catégorie 1A et 1B. Pour le BET, les dispositions du Code du Travail (articles R4412-1 à R4412-93) en matière de prévention du risque chimique concernant les agents chimiques dangereux s’appliquent. Cependant certaines structures, institutions ou laboratoires ne font pas de distinction entre les différentes catégories de substances CMR, car la classification des agents CMR repose sur une notion d’incertitude et non sur la sévérité des dommages. Cette démarche mérite d’être encouragée.

[2] Le BET est classé mutagène pour les cellules germinales de catégorie 2, ce qui en fait règlementairement un agent chimique dangereux (ACD) non-CMR. Pour les ACD, la substitution est l’une des mesures de prévention dont dispose l’employeur. Il doit l’utiliser en priorité, sauf, si dans le cadre de l’évaluation des risques, il peut conclure que le risque est faible. Dans le cas d’agents CMR de catégorie 1A ou 1B, le remplacement par un agent non dangereux ou moins dangereux est une obligation lorsque cela est techniquement possible. « Seul un argumentaire technique fondé est recevable pour justifier de la non-substitution d’un agent CMR » (Circulaire DRT no 12 du 24 mai 2006).

Crédit photo : dépôt d’échantillons d’ADN de plantes sur un gel d’agarose permettant leur analyse. CNRS Photothèque/IBMP, Benoît Rajau.